Ma découverte de Noël

Norman Vincent Peale


C’est à Cincinnati que j’ai passé la plus grande partie de mon enfance. Je me rappelle l’immense arbre de Noël de Fountain Square, les décorations lumineuses, les rues qui résonnaient de chansons de Noël.


Tout en haut de East Liberty Street où nous vivions, ma mère avait coutume d’ériger un arbre de Noël qu’elle ornait de vraies bougies. De ces bougies magiques s’exhalait un arôme qui, en se mélangeant à celui du sapin, produisait une exquise senteur de sous-bois que je ne pourrai jamais oublier.


J’avais 12 ans, c’était la veille de Noël. J’accompagnais mon père, qui était pasteur, dans ses derniers achats pour les fêtes. Je croulais sous les colis dont il m’avait chargé et j’étais fatigué, de mauvaise humeur.


Je me réjouissais à l’idée d’être bientôt rentré chez nous lorsque, soudain, un mendiant s’approcha de moi. Le vieil homme, sale et mal rasé, aux yeux troubles, me saisit le bras de sa main pour me demander de l’argent. Sa main me faisait penser à une griffe, et son aspect était si répugnant que j’eus un mouvement de recul. Mais mon père me dit gentiment :

Norman, c’est la veille de Noël. Tu ne devrais pas traiter quelqu’un de la sorte.

Papa, répondis-je sans le moindre remords, ce n’est qu’un clochard !

Mon père s’arrêta net, puis m’expliqua :

C’est peut-être vrai qu’il n’a pas fait grand-chose de sa vie, mais il n’en est pas moins un enfant de Dieu.

Puis il me tendit un dollar, ce qui représentait une certaine somme à cette époque, surtout pour les maigres revenus d’un humble pasteur :

J’aimerais que tu prennes ceci et que tu ailles l’apporter à cet homme, dit-il. Parle-lui avec respect. Et dis-lui que tu lui donnes cet argent au nom du Christ.

Oh papa ! protestai-je. Je ne pourrai jamais faire ça.

La voix de mon père se fit ferme :

Vas-y et fais ce que je te dis.

Non sans répugnance, je courus après le vieillard et lui dis :

Excusez-moi, monsieur, je vous donne cet argent au nom du Christ.

Il fixa les yeux sur le dollar, puis sur moi, stupéfait. C’est alors qu’un magnifique sourire éclaira son visage, un sourire si beau, si expressif, que j’en oubliais que l’homme était sale et mal rasé. J’en oubliais qu’il était vieux et déguenillé. D’un geste presque courtois, il retira son chapeau et fit avec politesse :

Et merci à vous, jeune homme, au nom du Christ.

À cet instant, toute mon irritation et ma contrariété s’envolèrent. La rue, les maisons, tout ce qui m’entourait semblait s’être paré d’une beauté nouvelle, pour la raison que j’avais participé à un miracle, un miracle dont

j’ai souvent été le témoin depuis lors. Le miracle de la transformation qui s’opère dans le coeur des gens lorsque vous les considérez comme des enfants de Dieu, lorsque vous leur témoignez de l’amour au nom d’un Bébé qui est né il y a deux mille ans dans une étable de Bethléem. Un Être qui vit et qui marche toujours avec nous, un Être qui n’a pas fini de nous révéler Sa présence.

Telle fut ma découverte de Noël cette année-là : le trésor de la dignité humaine qui se cache au fond de toute âme vivante, et qui ne demande qu’à briller. Si seulement on lui en donne la chance.

« Chaque fois que vous avez fait cela au moindre de Mes frères, c'est à Moi que vous l'avez fait » Jésus

(Mat 25:40)

La pitié s’apitoie, la compassion agit !

L’homme qui compatit ne se contente pas de prier et de distribuer

des paroles de consolation, il agit .


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